🎒 Quand l’école préfère le plastique transparent à l’intelligence du fond

Ou comment un dossier de 2 cm peut valoir plus que deux ans de travail

avr. 11, 2025

« Ce qui compte ne se mesure pas toujours, et ce qui se mesure ne compte pas toujours. »
Albert Einstein

Je passe mon BTS GPME cette année. Et en ce moment, je vis ce que j’appelle le syndrome de la pochette à rabats.

Un mal typiquement français : quand le système éducatif transforme une épreuve de validation de compétences en course d’obstacles bureaucratique, où la conformité formelle devient plus importante que la substance du travail. Ce n’est plus un examen. C’est un test d’endurance mentale face à l’absurdité administrative.

Et il est temps d’en parler.

📎 L’épreuve dans l’épreuve : tout ce qu’il faut faire (et ne pas faire)

Voici un extrait non exhaustif de ce que l’on m’impose pour que mon travail soit simplement "valide" :

Deux exemplaires papier, dans une chemise cartonnée à rabats avec élastique, sans spirale, sans plastique, sans pochette transparente1.
Une épaisseur inférieure à 2 cm2.
Une clé USB jointe, contenant des fichiers Word et Excel originaux (pas de PDF), chiffrée si possible, avec mot de passe communiqué à part3.
Une page de garde officielle, des étiquettes conformes, un formatage strict des titres, des annexes imprimées et numériques, et le tout remis à une date précise, au bon centre, sous peine d’élimination automatique4.

Tu veux un comble ? Le fond peut être brillant, utile, innovant… mais si ton dossier dépasse la norme (en poids, en couleur ou en format), tu es recalé. Pas sur le fond. Sur la forme.

🧱 Le fond étouffé par la forme

C’est là que je décroche.

Pendant que je monte des projets réels dans une PME, que je propose des améliorations, que j’analyse les risques ou que je pilote des process internes, le système me dit que ce qui compte, c’est la chemise à rabats.

Il ne s’agit pas d’un détail. Il s’agit d’une logique. Une logique qui détourne l’école de sa mission essentielle : apprendre à penser, à créer, à résoudre des problèmes.

📉 La bureaucratie comme standard d’évaluation

Ce que je vis là, ce n’est pas une exception. C’est un symptôme.

👉 En 2021, la France a publié plus de 83 000 pages de normes5.
👉 Cette surcharge bureaucratique pèse jusqu’à 100 milliards d’euros par an sur notre société.
👉 L’Éducation nationale elle-même en souffre : 41% de chute des inscriptions au Capes en 6 ans.
👉 Et seulement 15% des enseignants recommanderaient leur métier à leurs proches6.

Le malaise n’est pas passager. Il est structurel.

⚠️ L’école ne forme plus des cerveaux. Elle formate des exécutants.

À force de tout codifier, on tue l’initiative. On pousse les étudiants à suivre des modèles, à cocher des cases, à imiter plutôt qu’inventer.

L’élève innovant prend un risque.
L’élève qui imite bien est validé.

C’est une pédagogie du conformisme. Pas de l’autonomie.

🛠 Ce que je propose (parce qu’un coup de gueule sans solution, c’est juste un râle)

Je ne viens pas me plaindre. Je viens provoquer un débat.

Recentrer l’évaluation sur les compétences réelles.
Un projet bien mené vaut plus qu’une pochette conforme.
Alléger la procédure.
Un dossier numérique unifié. Des critères lisibles. Une vérification simple.
Donner de l’air aux profs.
Qu’ils puissent enseigner, pas juste contrôler. Expérimenter. Accompagner. Évaluer ce qui compte.
Faire confiance à l’intelligence.
L’intelligence humaine. Celle qu’aucune IA ne remplacera. Celle qui doute, qui cherche, qui ose sortir du cadre.

🔥 Et moi dans tout ça ?

J’ai suivi les règles. J’ai préparé mes dossiers. J’ai respecté les formats.

Mais je refuse de me taire sur l’absurdité de ce que je vis. Parce que je sais que d’autres vivent la même chose, dans d’autres filières, d’autres diplômes, d’autres parcours.

Et parce que je crois que sortir du cadre, ça commence par oser dire que le cadre est parfois mal foutu.

🙋‍♂️ Et toi ?

Tu es prof, étudiant, examinateur, recruteur, parent…
Tu penses qu’un candidat vaut plus que sa reliure cartonnée ?

Alors faisons évoluer les règles du jeu.

Parce que dans un monde en pleine mutation, former des cerveaux critiques vaut mieux que former des pros du porte-vues.

Et parce que notre intelligence humaine mérite mieux qu’un format A4.

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🪶 Adrien Fontaine-Anaya
Auteur du blog Hors Cadre – Des mots pour sortir des lignes.
Explorateur de sens, de systèmes et de contradictions.
En formation permanente pour remettre en question les évidences.

Circulaire nationale BTS GPME 2025 – Annexe 7-1 ; Académie de Nantes, Guide d’élaboration E4/E5.

Recommandation pédagogique issue des guides de centres d’examen (ex. Lycée Camille Claudel – BTS GPME).

SIEC – Guide E4 GRCF BTS 2025 : consignes officielles sur le format des fichiers